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L'agent orange est de retour pour déboiser discrètement la forêt amazonienne

 

Stephen Messenger, écrivain et défenseur de l’environnement qui vit à Porto Alegre, dénonçait le 5 juillet 2011 les agissements, toujours prédateurs, de Monsanto au Brésil.

Selon des déclarations officielles, certains fermiers ont recours à l'épandage de l'Agent Orange, hautement toxique, pour déboiser plus discrètement la forêt amazonienne, cette méthode étant plus difficile à détecter que des tronçonneuses et des tracteurs.

On se souvient du monstrueux Agent Orange, utilisé pendant la guerre du Vietnam, et fabriqué par la firme Monsanto, numéro un mondial de l’agrochimie et experte dans le domaine de la destruction massive.

Durant cette guerre du Vietnam, l'armée des États-Unis aurait déversé près d’une centaine de millions de litres d’herbicides contenant plus de 300 kilos de dioxine TCDD sur des centaines de milliers d’hectares, dans le sud et le centre du Vietnam ainsi qu’au Laos et au Cambodge, causant 3 millions de victimes, dont plus de 500 000 enfants handicapés.

Ce fut, à l’époque, une catastrophe sanitaire et environnementale pour le Vietnam, mais trente ans après l’arrêt des épandages, l’agent orange continue de provoquer des décès, des pathologies d’une extrême gravité, des lésions nerveuses irréversibles et des malformations à la naissance qui demandent des soins médicaux et chirurgicaux, une rééducation appropriée, des prothèses, fauteuils roulants et autres matériels adaptés. En outre, des régions entières demeurent impraticables pour les agriculteurs. Une végétation très pauvre appelée au Vietnam herbe américaine, recouvre encore les zones d’épandage et l’on trouve de la dioxine à des taux élevés dans le sol ou les sédiments et dans certains lacs.

En janvier 2004, l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine a déposé devant la cour de justice du district de New York une plainte contre les 36 entreprises ayant fabriqué l’agent orange pour l’armée américaine dont les plus célèbres sont Monsanto et Dow Chemical.

Les motifs juridiques sont nombreux : violations des lois internationales, crimes de guerre, fabrication de produits dangereux, dommages tant involontaires qu’intentionnels, enrichissement abusif. Les plaignants réclament toujours des dommages et intérêts pour les victimes et la nécessaire décontamination de l’environnement, mais ils ont été déboutés par la Cour suprême des États-Unis.

Le monde entier ayant reconnu cette horreur, on était en droit d’espérer que personne n’aurait l’inconscience de récidiver. Toutefois, n’oublions pas que le président de Dow Chemical, co-responsable de cette destruction chimique, et qui a racheté tous les actifs d'Union Carbide coupable de la catastrophe écologique de Bhopal qui a causé la mort de 20 000 Indiens en 1984, a osé déclarer vingt ans plus tard : “Bhopal, c’est de l’histoire ancienne maintenant. L’incident de Bhopal n’a guère affecté notre capacité à faire des affaires.” Au moins, ces propos n’étaient pas voilés d’hypocrisie. L’important est de “faire des affaires”, tant pis pour les milliers de victimes de cet “incident”, dont les familles n’ont jamais obtenu réparation.

Et voilà que ces prédateurs récidivent car, durant les dernières semaines, des observations aériennes ont révélé que l’Agent orange a été vaporisé sur près de 180 hectares de forêt amazonienne, empoisonnant les nappes phréatiques et des milliers d'arbres et d'animaux.

Les autorités de l'agence brésilienne pour l'environnement Ibama ont d'abord découvert des indices de ces déboisages illégaux sur des images satellites de la forêt amazonienne, puis un survol de la région en hélicoptère a plus tard révélé des milliers d'arbres de couleur cendre, défoliés par des produits chimiques

L'agence Ibama pense que l'Agent Orange a probablement été répandu par avion par un fermier encore non identifié dans le but de dégager la terre pour en faire des pâturages, car ce procédé est plus difficile à détecter qu'une opération de déboisage traditionnelle qui requiert des tronçonneuses et des tracteurs et ne peut ainsi passer inaperçue.

La semaine suivante, dans une autre partie de l'Amazonie, une enquête conduite par la même agence a révélé la présence de à près de quatre tonnes de cet herbicide hautement toxique caché dans la forêt, en attente d'épandage. L'utilisation d'une telle quantité de ce produit aurait potentiellement conduit à la destruction de plus de 3 000 hectares de foret pluviale, décimant l'intégralité de la faune sauvage qui y habite et contaminant les nappes phréatiques.

Selon un rapport de la Folha de São Paulo, la dernière utilisation de tels produits chimiques par des déboiseurs à été enregistrée en 1999, mais les sources officielles pensent que l'épandage de cet herbicide dévastateur pourrait devenir plus fréquent en réponse à la répression croissante - et opportune - des actes criminels environnementaux.

“Les déboiseurs ont changé de stratégie parce qu’avec les agro-toxiques, ils parviennent à détruire davantage de zones boisées en peu de temps. Ils n'ont plus besoin de mobiliser des équipes de bûcherons et peuvent donc échapper à la surveillance de l'Ibama” a déclaré Jefferson Lobato, chef du département de surveillance de l'agence brésilienne pour l'environnement dans l’État d’Amazonas. Une fois les arbres morts, ils sont coupés par les bûcherons puis le terrain est alors utilisé comme pâturage.

Pour l’instant, cette méthode de déforestation est encore peu utilisée, les tronçonneuses électriques et le feu sont les pratiques les plus courantes de déforestation illégale, mais ces criminels vont peu à peu abandonner ces méthodes classiques si personne ne les arrête. Qu’importe pour eux la contamination des sols, des nappes phréatiques, des animaux ou des personnes qui vivent dans la région.

Ne soyons pas étonnés par ces récidives étant donné que les coupables ne sont en aucun cas mis hors d’état de nuire, mais seulement condamnés à quelques milliers de dollars d’amende, sommes dérisoires pour eux, d’autant qu’ils ne les paient jamais.

Et pendant ce temps, en France, les faucheurs volontaires sont condamnés à payer des milliers d’euros à la firme Monsanto pour la seule raison d’avoir essayé de limiter l’envahissement des cultures traditionnelles par des OGM. C’est donc parce que Monsanto sait qu’il restera impuni de ses crimes, qu’il continue de sévir. Mais jusqu’à quand ?

Sylvie SIMON

 

Source: http://www.votresante.org/suite.php?dateedit=1310302002

Tag(s) : #Infos - Dépêches...
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